Appel à articles
📅 | Date limite de soumission : 1er octobre 2024 |
Appel à articles pour un projet de publication sur la fragmentation géographique à différentes échelles.
L’accent est mis sur la relativité géographique des mouvements touchant un espace donné (développement impulsé ou spontané, exclusions et marginalisations, relances…), cela signifie que la réalité moyenne géographique n’est qu’une réalité qui en masque d’autres, positives ou négatives (ou les deux selon les lieux). Or, bien souvent, cet emboîtement de réalités géographiques est négligé, ce qui donne des analyses plus ou moins globales, alors que la géographie est variété spatiale, et que les situations de croissance ou de marge sont à relativiser.
Les territoires périphériques et ultrapériphériques se caractérisent par un éloignement certain des espaces métropolitains et des grands centres de commandement. Cela se traduit par des formes d’isolement, de marginalisation, et par une plus faible intégration à l’économie globale. Par-delà les évolutions technologiques et techniques qui ont donné le sentiment d’un rétrécissement du monde, ou, à l’inverse, récemment, d’un retour de la question de la distance avec les dernières crises contemporaines, les espaces en situation de périphéricité ne sont pas homogènes. Leur pluralité n’est pas seulement externe, entre des territoires, elle est également interne. De fait, l’hétérogénéité au sein d’un territoire est marquée, même à une échelle fine (au sein d’une petite île ou d’une ville, par exemple).
La configuration de chaque espace est toutefois spécifique. Lorsque la superficie est modeste, la faible distance entre les espaces n’empêche pas la distance sociale entre des quartiers ou des villages. Dans d’autres cas, le territoire périphérique est plus complexe, car c’est un archipel (avec une ou des centralités), car un relief isole davantage, car une côte est plus appréciée… De fait, la proximité géographique (et l’éloignement) est relative, et la fragmentation de l’espace un classique.
Les discontinuités se traduisent par des hiérarchisations, des dominations, des exclusions et des marginalisations. A contrario, elles mettent en évidence des logiques d’entre-soi, de valorisation de lieux, de signes sociaux territorialisés. Dans cette géographie qui dessine et redessine les espaces, ces logiques coexistent avec d’autres tendances, qualifiées d’autoexclusion (immobilisme, localisme…) qui participent, à leur tour, à renforcer les processus de périphérisation internes.
Ces phénomènes sont fréquemment anciens et entretenus. Ils peuvent être nés d’une colonisation et d’une littoralisation de l’activité et du pouvoir économique et politique, ou d’une marginalisation (la diagonale du vide en France métropolitaine, géographiquement située au centre). Les villes en situation de primatie (Nouméa, Fort-de-France par exemple) concentrent, aujourd’hui plus qu’hier, hommes et pouvoirs, et polarisent des espaces toujours plus larges. Leur géographie interne montre néanmoins une fragmentation très nette. Par ailleurs, l’extension de ces agglomérations, au travers de banlieues et de périphéries urbaines, conjugue également distances, proximités et discontinuité, dans une recherche d’entre-soi, de mise à distance de l’autre, de proximités subies ou voulues. L’espace social et politique se recompose, quelle que soit l’échelle d’observation, et par-delà l’espace périphérique perçu s’en découvre d’autres, emboîtés mais contrastés.
Ces phénomènes sont aussi combattus par des politiques publiques, avec plus ou moins de succès. L’origine de ces politiques répond parfois à des soucis de gestion ou de planification du développement. Les demandes de rééquilibrage proviennent également de quartiers, de communes, et plus largement d’espaces souhaitant un (re)développement. Ces demandes sont portées par des leaders, associatifs ou politiques, par des d’habitants ou par des groupes constitués. Lorsque le succès se traduit par un rééquilibrage réel, celui-ci n’est pas une fin. Le nouveau centre, le nouveau pôle ou quartier, crée à son tour de nouvelles fragmentations spatiales et sociales.
La proximité n’est alors ni simple à définir, ni une protection contre les inégalités et les injustices spatiales. Elle reste un enjeu contemporain et futur. Dans cette perspective, sont attendues des propositions mettant en valeur ces fragmentations sur un de ces espaces périphériques ou ultrapériphériques. La proposition peut être faite à l’échelle de l’espace ou à une échelle plus fine, mais interrogeant toujours plusieurs niveaux géographiques. D’autres propositions peuvent s’intéresser aux politiques mises en œuvre, avec les effets espérés. Enfin, des propositions peuvent s’orienter vers des politiques passées de rééquilibrage ou de lutte contre ces fragmentations. Le temps peut offrir un recul et permettre d’observer les recompositions sociales, spatiales et politiques.
Modalités de soumission
- Date limite de soumission : 1er octobre 2024
- Les textes sont à soumettre à : franck.chignier-riboulon@uca.fr et mauricette.fournier@uca.fr
Ils seront évalués en double aveugle dans un délai de deux mois maximum. - Les contributions peuvent aller jusqu’à 60 000 signes, espaces de figures inclus.
Bibliographie indicative
- Donnen A., 2019, La place Fontainas comme espace frontière. La production de la ville au regard de la sexualité, du genre, de l’ethnicité et de la classe sociale, Brussels Studies, n° 139. DOI: 10.4000/brussels.3738
- Elissalde B., Rhein C., 2004, La fragmentation sociale et urbaine en débats, L’information géographique, n°2, p.115-126.
- Escallier R., 2006, Les frontières dans la ville, entre pratiques et représentations, Les cahiers de la Méditerranée, n° 73, p. 79-105. https://doi.org/10.4000/cdlm.1473
- Gay J.C., 2014, La Nouvelle-Calédonie, un destin peu commun, Marseille, IRD éditions.
- Goreau-Ponceaud A., Calas B, 2016, La France des marges : points de vue et perspectives à partir de l’outre-mer, Les Cahiers d’outre-mer, n° 273, p. 251-266. https://doi.org/10.4000/com.7765
- Le Gall J., Rougé L., 2014, Oser les entre-deux !, Carnets de géographes, article introductif au numéro sur les espaces de l’entre-deux, n°7. https://doi.org/10.4000/cdg.496
- Mathieu N., 1997, Les enjeux des approches géographiques de l’exclusion sociale ». Économie rurale, n° 242, p. 21-27.
- Raoulx B., 1998, De la marginalité au cœur des sociétés : une réflexion de géographie sociale, Faire la géographie sociale aujourd’hui, Fournier J.M. (dir.), Caen, Presses de l’Université de Caen, p. 195-204.
- Rioux L., 1998, Les dimensions spatiales et culturelles de la marginalité, une approche psychosociologique, Le voyage inachevé… à Joël Bonnemaison, Guillaud D., Seysset M., Walter A. (dir.), Paris, Orstom/Prodig éditions, p. 635-640.
- Subra P. Géopolitique locale. Territoires, acteurs, conflits. Armand Colin, 2016.
- Taglioni F., 2007, La périphéricité : du concept au lobby politique, L’Espace Politique, n° 2. DOI : https://doi.org/10.4000/espacepolitique.594
- Vilhena Silva (de) G., Porto J., Sena dos Santos P.G., Dhenin M., 2016, La géopolitique de l’Union européenne pour les régions ultrapériphériques, Assimilation, fragmentation et rôle de la Guyane française dans son contexte régional, Confins, n°26. https://doi.org/10.4000/confins.10658