
Clémence Rebourg soutiendra sa thèse de doctorat en géographie
intitulée
Intégration des enjeux de justice sociale dans les politiques alimentaires territoriales : une approche multi-acteurs et multi-échelles
Jeudi 19 juin 2025 à 14 h
Amphi 219, Maison des Sciences de l’Homme
4 rue Ledru – 63000 Clermont-Ferrand
Cette thèse a été réalisée au sein de l’UMR Territoires, sous la direction de Salma Loudiyi et Marie Houdart.
Le jury est composé de :
- Claire DELFOSSE, Professeure de géographie, Université Lumière Lyon 2, Rapporteure
- Sabine GIRARD, Chargée de recherche en géographie, INRAE, Examinatrice
- Coline PERRIN, Directrice de recherche en géographie, INRAE, Examinatrice
- Laurent RIEUTORT, Professeur de géographie, Université Clermont Auvergne, Examinateur
- Elodie VALETTE, Ingénieure de recherche, Cirad, Rapporteure
Les personnes qui le souhaitent pourront assister à la soutenance en visio, à travers un lien envoyé prochainement.
Résumé de la thèse :
Les travaux portant sur les initiatives alternatives au système alimentaire conventionnel ont souligné certaines de leurs limites, en particulier concernant leur capacité à articuler les enjeux de transition écologique et ceux de justice sociale. Si ces derniers sont mis en avant dans le cadrage de la politique alimentaire nationale, les modalités de leur intégration à l’échelle des politiques territoriales reste à instruire. Pour cela, cette recherche est réalisée à l’échelle territoriale, sur le département du Puy-de-Dôme. Le travail de terrain s’appuie sur des données documentaires (délibérations, cahiers des charges d’appels à projet, etc.) ainsi que sur la conduite de 42 entretiens semi-directifs auprès de services déconcentrés de l’État, collectivités territoriales et associations d’aide alimentaire. Il se caractérise également par une implication personnelle auprès de Projets alimentaires territoriaux (PAT), d’un projet d’appui à la coordination des structures d’aide alimentaire au niveau départemental et d’un collectif émergent inspiré par la perspective de Sécurité Sociale de l’Alimentation. Le matériau collecté est analysé en croisant les approches de la justice sociale et des processus d’intégration dans les politiques publiques. Une attention particulière est portée aux modalités de reconnaissance des inégalités à l’œuvre, aux formes de redistribution déployées et à la participation de différents acteurs à la fabrique de l’action publique. Au niveau des services déconcentrés de l’État, des collectivités territoriales et d’acteurs socio-économiques engagés en matière d’accès à l’alimentation, cette thèse met en lumière les processus à l’œuvre derrière les tentatives d’intégration des enjeux d’accès à l’alimentation dans l’action publique territoriale. (i) L’intégration des enjeux de justice alimentaire fait face aux approches sectorielles des politiques publiques, au manque de vision des élu·es concernant la transformation des systèmes alimentaires et aux faibles ressources organisationnelles dédiées. Ces processus reposent sur le rôle de personnalités motrices, agent·es ou élu·es, qui mobilisent différentes marges de manœuvre et font face à un risque d’épuisement professionnel. (ii) Les instruments d’action publique déployés tendent à conforter les principaux acteurs associatifs de l’aide alimentaire conventionnelle. De nature incitative, ces instruments contribuent à une mise en compétition des acteurs locaux pour l’obtention de financements. Malgré le soutien de projets alternatifs en matière d’aide alimentaire, cette analyse illustre la compatibilité de la politique alimentaire française en matière d’accès à l’alimentation avec le système alimentaire conventionnel. (iii) Des tensions entre collectivités territoriales, services déconcentrés de l’État et entre services au sein de ces institutions sont à l’œuvre. Elles témoignent du processus de légitimation de l’intervention publique sur les enjeux d’accès à l’alimentation, dans un contexte de tensions vis-à-vis des ressources financières dédiées aux services déconcentrés de l’État et aux collectivités territoriales. Face au portage politique limité en matière d’alimentation et au manque de moyens des acteurs publics locaux, certains acteurs socio-économiques sont en capacité d’activer différents réseaux et ressources territoriales afin de porter leurs visions des enjeux concernant l’accès à l’alimentation. Finalement, cette approche multi-acteurs et multi-échelles réinterroge le rôle des acteurs publics en matière de justice sociale, entre un appui aux systèmes alimentaires conventionnels et un soutien aux innovations portant une visée transformative.
Mots clés : Politique alimentaire territoriale ; intégration ; justice sociale ; aide alimentaire ; Puy-de-Dôme