SCUSI 2018

Modèles de labellisation des productions agricoles en Europe :
Adaptation, transposition, transfert

Projet financé par la Région Auvergne-Rhône-Alpes, Projet SCUSI 2018 – Axe 1 Coopération scientifique

Ce programme, qui s’inscrit dans la thématique Agriculture, agroalimentaire, forêt de l’axe Coopération scientifique de la région Auvergne-Rhône-Alpes, postule que les filières agroalimentaires sont confrontées à des exigences croissantes d’efficience et d’une meilleure valorisation de leurs matières premières. Différents modèles coexistent, dans lesquels les acteurs des filières cherchent leur voie à travers des logiques complémentaires, différentes, ou opposées : productions standards, montée en gamme, qualité et différentiation sous différentes formes (qualité supérieure ou spécifique). Parmi ces différentes stratégies, notre étude porte plus particulièrement sur la valorisation par les signes de qualités et vise à comprendre comment des territoires différents s’emparent des signes officiels de qualité pour créer une réelle plus-value territoriale. Le programme aborde cette question à la fois à l’échelle macro du cadre institutionnel, de la construction du processus de labellisation et à l’échelle locale des différents territoires des produits labellisés, en privilégiant les productions fromagères.

La notion d’origine renvoie à des terroirs, lieux de convergence de facteurs naturels et humains, produits par l’histoire agraire européenne, mais dont la reconnaissance officielle a été lente et progressive. L’impulsion est venue de France, où une loi définit en 1919 les produits liés à une origine géographique (AOC) et offre un cadre de labellisation qui pour la reconnaissance de spécialités. Ce cadre conceptuel et législatif a progressivement constitué un modèle repris par l’UE, avec l’AOP et l’IGP, qui se sont généralisés avec les nouvelles adhésions.

Cette recherche a pour objectif une réflexion de portée théorique sur les modes de diffusion de la labellisation. Un même cadre conceptuel et règlementaire de labellisation donne lieu en effet à des évolutions et des déplacements spécifiques selon les territoires porteurs, suivant des modalités que nous désignons par « adaptation », « transposition » ou « transfert ». Plutôt que l’existence d’un modèle réglementaire favorable a priori et qui se déclinerait dans des territoires, le programme interroge les effets de contexte conditionnant les réussites d’implantation de ces procédures. L’examen des configurations fait émerger de tels effets. Un premier cas (essentiellement en région AURA, Pays basque, Aveyron) est l’adaptation, dans lequel les acteurs bénéficient d’un cadre anciennement labellisé, et se confrontent à son évolution (réécriture du cahier des charges, modification des délimitations, nouvelles labellisations). Par transposition, nous envisageons le cas de Suisse où les acteurs s’approprient ce modèle réglementaire extérieur en le faisant correspondre à leur propre contexte. Enfin le transfert correspond pour la Slovaquie, à une application des directives européennes par l’administration qui les propose aux filières de qualité en émergence, lesquelles s’en apparent inégalement et essentiellement dans un objectif de protection. Différentes niveaux interviennent dans de tels contextes, niveau régional pour la différenciation entre territoires, européen pour l’intégration dans l’espace économique, national lorsque l’administration se contente de relayer le dispositif réglementaire. Aussi faut-il présenter d’abord un modèle de labellisation, pour ensuite analyser en profondeur des cas donnant lieu à des enquêtes de terrain.

➡️ https://www.auvergnerhonealpes.fr