Gestion collective d’un risque ravageur pour améliorer la résilience des systèmes fourragers. Modélisation bioéconomique de la gestion des pullulations de campagnols terrestres

En raison du contexte sanitaire, la soutenance se déroulera en visioconférences Teams.

Membres du jury :

  •  LUPTON Sylvie, Enseignante-Chercheure, Institut Polytechnique UniLaSalle, Rapporteure
  • GOHIN Alexandre, Directeur de recherches, INRAE, Rapporteur
  • MOSNIER Claire, Chargée de recherches, INRAE
  • FLUET Claude-Denys, Professeur d’économie, Université Laval (Québec)
  •  MICHELIN Yves, Professeur d’agronomie, VetAgro Sup, Co-directeur de thèse
  • JEANNEAUX Philippe, Professeur d’économie, VetAgro Sup, Directeur de thèse
  • MOTEL-COMBES Pascale, Professeure des Universités, Université Clermont Auvergne, Présidente

Résumé de la thèse

Depuis les années 1970, certains territoires d’élevage de moyenne montagne fortement spécialisés dans la production herbagère subissent les pullulations régulières et intenses d’un rongeur ravageur des prairies : le campagnol terrestre (Arvicola terrestris scherman). Tous les 5 à 10 ans selon les caractéristiques locales du paysage, les prairies exposées voient leur production fourragère diminuer de 50% en moyenne, déstabilisant les systèmes fourragers et occasionnant des pertes économiques significatives. Malgré les méthodes de lutte directes et indirectes proposées, la dimension collective de la gestion de ce risque sanitaire et les coûts associés à la lutte rendent difficile la mobilisation des éleveurs. Au-delà de l’efficacité technique des méthodes de lutte, nous proposons d’interroger les défaillances de l’action collective au regard des institutions et des incitations mises en place pour augmenter la participation des éleveurs à la maîtrise des populations de rongeurs. Notre objectif est de déterminer la ou les stratégies de gestion les plus pertinentes pour créer les conditions d’un meilleur engagement des éleveurs dans la lutte. Notre méthodologie repose d’une part sur trois séries d’enquêtes qualitatives auprès d’éleveurs et d’acteurs institutionnels, et d’autre part sur une approche par la modélisation des systèmes fourragers en situation d’aléas multiples (jeu sérieux) et des incitations à la lutte contre les pullulations (modèle multiagent informatique). Nous démontrons que les coûts importants relatifs à l’action collective (coûts directs, coûts d’opportunité, coûts de transaction) sont un élément important pour expliquer la sous-implication des éleveurs, mais qu’il convient d’interroger plus globalement le manque d’action collective comme un manque de coordination. La théorie néo-institutionnelle et la théorie du capital social sont intéressantes pour analyser cette situation paradoxale de groupe latent au sens d’Olson (1965). Nous proposons de concevoir l’action collective comme un iceberg dont la partie émergée (les structures formelles : institutions, contrats, subventions, coûts) ne peuvent exister que s’il existe une partie immergée conséquente (les structures informelles ou capital social : connaissance, partage, confiance, réseaux, information). Notre étude aboutit à la formulation de recommandations de politiques publiques afin de renforcer l’efficace des dispositifs déjà en place.

Abstract

Collective management of a pest risk to improve resilience of fodder systems. Bio-economic modeling of the management of voles’ outbreaks Since the 1970s, some territories located in middle mountain areas and strongly specialized in grass-based breeding have been undergoing intense and frequent outbreaks of a small rodent causing damages to meadows: the vole (Arvicola terrestris scherman). Every 5 to 10 years, depending on local landscape, fodder production of exposed meadows can be reduced by 50% on average, which can destabilize fodder systems and cause important economic losses. Despite direct and indirect control methods which are currently proposed, both collective dimension of risk management and associated costs reduce breeders’ intervention. Beyond efficiency of control methods, we propose analyzing the failure of collective action regarding institutions and incentives set up to increase breeders’ involvement in collective action to control voles’ outbreaks. Our goal is to determine relevant management strategies to create conditions for a greater involvement of breeders in voles’ control. Our methodology relies on three series of qualitative interviews with breeders and institutional actors 5 as well as on a modelling approach of fodder systems facing multiple risks (serious game) and incentives to collective action (multiagent modeling). We show that costs of collective action (direct costs, opportunity costs, transaction costs) are an important element to explain under-investment of breeders, but that we should also investigate more globally the lack of collective action as a lack of coordination. New institutionalism and social capital theory are interesting entry point to analyze this paradoxical state of latent group, as defined by Olson (1965).